Le cinéma : une industrie qui a subit la crise du covid-19 de plein fouet.
L’industrie cinématographique représente un secteur qui a été particulièrement touché par la crise sanitaire mondiale cette année. Au-delà des cinémas fermés pendant le confinement et des spectateurs frileux d’un retour en salle masqué, un autre phénomène est venu perturber le flux d’entrées au cinéma : l’arrêt des productions. Si les acteurs ne peuvent pas tourner, mathématiquement, les films ne peuvent pas sortir en salle. Lorsqu’un film peut tout de même être tourné, la promotion n’engendrera pas autant d’interactions physiques qu’avant en raison des mesures de gestes barrières à appliquer. D’après Omdia, une société britannique de recherche médiatique, le cinéma pourrait atteindre dans le monde une perte pouvant aller jusqu’à 31 milliards de dollars. A date, les recettes publicitaires de ce média enregistrent une baisse de 70% par rapport à l’année précédente sur la même période. De plus, le dernier trimestre 2020 en France ne semble pas proposer de gros blockbusters comme en 2019 lorsque les salles accueillaient en décembre La Reine des Neige 2 et Star Wars 9.
La réglementation audiovisuelle sur le cinéma à la télévision : un changement pourrait-il apporter un tremplin ?
La législation sur les droits et les interdictions de secteurs pouvant ou ne pouvant pas communiquer à la télévision datent de 1992. Les décrets sur la publicité ont souvent fait office de discussions plus ou plus houleuses avec les régies publicitaires qui demandent des assouplissements. Le secteur de la presse a attendu l’année 2003 pour pouvoir communiquer à la télévision, tandis que la distribution n’est autorisée à le faire que depuis 2007. Le cinéma quant à lui était le dernier gros enjeu de secteur à ne pas avoir encore obtenu son autorisation. L’interdiction de la promotion d’un film sortant en salle ou l’interdiction de la diffusion d’un long métrage le samedi soir étaient deux points clés dont le changement propose un véritable enjeu économique. Face aux baisses de recettes publicitaires à la télévision et à la baisse des fréquentations des salles de cinéma, deux décrets ont été adoptés cet été afin de relancer ces deux secteurs économiques.
Que disent les deux décrets ?
Le premier décret concerne l’élargissement des secteurs autorisés à communiquer à la télévision. Un téléspectateur pourra désormais être exposé à une campagne publicitaire sur les sorties de films en salle, devant son écran de télévision. Jusqu’à maintenant, le cinéma devait attendre la sortie d’un film en DVD avant de pouvoir en faire sa promotion.
Le second décret porte sur l’autorisation des chaînes à diffuser des films de longs métrages le samedi soir. Jusqu’ici, seules les chaînes cryptées étaient autorisées à le faire. Le Journal Officiel a précisé que ces mesures feraient tout de même l’objet d’un test via une période probatoire. Dans un premier temps, l’autorisation des chaînes à diffuser des longs métrages le samedi soir et la possibilité de langer des campagnes de publicité à la télévision se fera sur une période de dix-huit mois. A la fin de cette période, un bilan sera réalisé afin de vérifier que ce décret n’a pas porté atteinte aux films indépendants qui n’ont pas forcément les moyens de se payer une campagne promotionnelle à la télévision. Le bilan portera également sur le nombre d’entrées dans les salles de cinéma et l’impact que la diffusion de films à la télévision pourrait avoir dessus.
Des changements sur l’audience du samedi soir ?
L’arrivée de la possibilité de diffuser des longs métrages sur TF1, M6 et les autres chaînes, apportera-t-elle un changement d’audience sur la case du samedi soir ? Selon certaines analyses, tout dépendant de l’évolution de la pandémie au cours des prochains mois. Si la peur de sortir dans un lieu clos s’installe et que la fréquentation des restaurants diminue, il est indéniable que la télévision sera pour certains un plan B pour veiller un samedi soir. Les audiences pourront ainsi enregistrer de bons scores, permettant peut-être une hausse des recettes publicitaires sur certains écrans. Le bilan qui devra être fait devra bien prendre en compte l’évolution de la crise sanitaire. Aller voir un film au cinéma n’est pas la même chose que de regarder un film devant sa télévision le samedi soir. Les attentes ne sont pas les mêmes. On ne peut pas automatiquement accuser l’un d’être la cause de la baisse de l’autre.
Quoi qu’il en soit, ces deux décrets très attendus ont été accueillis avec une vision positive permettant de relancer d’une part les audiences du samedi soir, d’une autre part la possibilité d’élargir les recettes publicitaires auprès des régies. Et enfin, l’industrie du cinéma pourra communiquer de nouveau pour rassurer les spectateurs et les inciter à revenir en salle.