Dans la série des types de management à ne surtout pas reproduire, cette semaine Happy Work Officer s’intéresse à celui qui répond à votre place. Oui, même en entreprise, à l’âge adulte, certains n’ont pas appris les bonnes manières. Il existe des personnes à qui, petits, on ne leur a jamais assez répété de ne pas couper la parole. Au-delà d’être une marque d’impolitesse, prendre la parole à la place de quelqu’un peut s’avérer frustrant et particulièrement énervant quand cela se répète de manière récurrente. Des conséquences néfastes s’installent et la relation manager-collaborateur se retrouve entachée.
Quelles conséquences peut-on tirer d’un manager qui ne laisse pas la parole à ses collaborateurs ?
La frustration de ne pas pouvoir s’exprimer engendre un détachement total du projet. Un employé qui ne peut présenter lui-même un projet pour le défendre par exemple, ne se sentira pas autant impliqué que si on le laisse porter lui-même ce projet. « On ne me laisse pas parler, et bien qu’il se débrouille seul. Je ne l’aiderai pas s’il a des questions ». Une réaction qui peut sembler puérile mais qui reste tout même parfois compréhensible.
Comprendre pourquoi le manager ne laisse pas la parole à ses équipes
Ne pas laisser les autres s’exprimer et répondre à des questions par eux-mêmes reflète souvent un manque de confiance. Mais ce manque de confiance n’est pas automatiquement dirigé vers un collaborateur. Il peut aussi s’agir d’un manque de confiance en soi. Un manager qui a confiance en soi, c’est un manager qui est sûr d’avoir préparé son équipe à un présentation car il maîtrise le sujet. S’il a des doutes sur certains points, il aura des doutes sur le fait que ses équipes sauront répondre à sa place. Ainsi, il préfère couper la parole par crainte que les autres racontent n’importe quoi.
Comment rassurer un manager sur le fait que vous êtes capable de maîtriser un sujet ?
Quand un collaborateur est amené à présenter un projet, un dossier ou n’importe quelle présentation devant un client, un collaborateur ou tout autre public, proposez à votre manager de faire une répétition devant lui. Ainsi, il pourra vous guider sur les parties où vous êtes un peu moins à l’aise. Mais vous aurez également l’occasion de lui prouver que vous êtes capable de le faire. Si un chapitre vous angoisse, proposez-lui de vous appuyer sur ce point en lui faisant comprendre qu’en revanche vous maîtrisez les autres parties et que vous n’aurez pas besoin de son intervention sur tout.
Pour la petite histoire…
Cette fois-ci, je vous donne rendez-vous dans l’entreprise « trucmuche » avec en acteurs principaux Bernard le manager et Tom le salarié faisant parti de l’équipe de Bernard.
Tom s’était préparé depuis des semaines à la réalisation d’une prestation de prise de parole en public, chose à laquelle il n’était pas forcément habitué. Mais Tom était content de sortir de sa zone de confort. Bernard lui avait demandé de présenter l’ensemble du dossier devant une vingtaine de personnes. Tom était prêt. Il avait révisé à plusieurs reprises et sentait qu’il avait pris en assurance pour réaliser ce défi.
Le jour J arriva et Tom se rendit chez le client, accompagné de Bernard qui était censé faire uniquement la partie introduction. Le préambule du dossier exposé par Bernard était fini lorsque Tom prit la parole afin de continuer cette présentation. Mais tout ne se passa pas comme prévu. A chaque question posée par le client, Tom avait à peine la bouche ouverte qu’on entendait le son de la voix de son manager retentir pour répondre à la moindre question. La situation était particulièrement gênante car le client tentait de parler avec Tom en le regardant ou en s’adressant directement à lui mais rien n’y faisait. Il y avait toujours le timbre de Bernard qui se faisait entendre plus fort que celui de Tom. Ce dernier était dépité mais le couperet arriva lorsque Bernard se leva et dit devant l’assemble : « Je reprends donc la parole pour la seconde partie ».
Honte, humiliation, gêne. Tels étaient les sentiments qu’avait ressenti Tom à cet instant. Il n’eut plus l’occasion de présenter une seule slide jusqu’à la fin de la réunion…
Qu’avons-nous tiré de cette situation chez Happy Work Officer ?
Un bon manager ne coupe pas la parole. Il laisse chacun s’exprimer et ne doit intervenir que lorsqu’il sent qu’un membre de son équipe est en difficulté pour répondre ou continuer une présentation. Dans cette anecdote, ce n’était pas le cas. C’était simplement un manager qui sentait qu’un membre de son équipe maitrisait la situation en ayant pris le lead sur cette réunion. Et cette sensation de ne plus avoir le contrôle l’a fait basculer dans une dimension ridicule et gênante pour l’ensemble des participants.
Notre mission ici a une nouvelle voix été de briser la glace sur cette situation. Le manager a reconnu avoir repris en main la présentation car il n’était pas sûr que son collaborateur maîtrisait complètement la situation. Il a avoué ne pas avoir organisé une répétition au préalable et n’était par ce fait, pas serein sur le fait de ne rien présenter lui-même. Après lui avoir exposé les faits, il a reconnu ne pas avoir été à la hauteur d’un bon manager sur cette présentation. Du côté du collaborateur, il a également reconnu avoir présenté des signes de stress avant la présentation, ne rassurant pas son manager. Un simple échange a permis de mettre en place un process pour leurs futurs dossiers à présenter ensemble : Une répétition, un échange sur les points sensibles d’un dossier et un feuille écrite avec le nom de celui qui prend la parole en fonction des slides, des sujets, etc…
Un manager qui répond à la place des autres ne doit pas être pris à la légère. Cette situation doit être stoppée rapidement sous peine de désintéressement des sujets de la part des collaborateurs. Une confrontation est souvent la clé de tout dénouement de situation conflictuelle. Il n’est pas simple de débloquer une situation sans l’appui d’une tierce personne totalement neutre sur le sujet. C’est dans ce sens qu’Happy Work Officer intervient pour remettre un peu de zénitude au travail.