« Les jeunes de nos jours, n’arrivent pas au travail avant 10h00 ». Une phrase clichée qui peut faire sourire mais qui n’est pas à prendre à la légère.
Les modes de travail évoluent au sein des sociétés. Le temps du 9h – 18h pour tout le monde est révolu. On enregistre davantage de souplesse autour de l’heure d’arrivée et de départ des salariés. Les nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail depuis quelques années ont tendance à commencer leur journée plutôt vers 10h. Ce qui n’était pas du tout toléré il y a 10 ans devient de plus en plus acceptable voire naturelle dans certaines structures. Pour concilier flexibilité des horaires et égalités entre les salariés, il faut d’abord comprendre ce que peut signifier le choc des générations. Une fois les différents besoins maitrisés, il faudra alors se pencher sur les astuces qui permettent de rester justes avec des règles adaptables.
Le choc des générations
Aujourd’hui, la flexibilité fait partie des termes les plus importants à ancrer dans une démarche de mise en place de politique de qualité de vie au travail. Comment garder ses salariés motivés de la même manière lorsque vos collaborateurs ont entre 20 et 50 ans. Un jeune diplômé de 20 ans ne demandera pas le même rythme de travail qu’une maman de 30 ans ou qu’un salarié de 50 ans. Les plus jeunes générations auront tendance à plébisciter une arrivée tardive avec un départ plus nocturne le soir. Il a été médicalement prouvé que lorsque l’on est plus jeune, notre corps est fait pour se mettre en éveil plus tôt. Plus on vieillit, moins on arrive à prolonger notre sommeil autour d’une véritable grasse matinée. Sans forcément rentrer dans une explication faite de clichés il est vrai que les besoins sur les horaires de travail n’est pas le même à tout âge.
Un jeune salarié aura tendance à veiller le soir car il retrouve des amis pour aller boire un verre ou diner. Ainsi, cela ne le dérangera pas forcément de quitter le travail vers 19h30 – 20h00 car il n’a pas de contrainte à devoir rentrer chez lui plus tôt, ses amis l’attendant près du travail aux alentours de 20h00. Cela lui paraitra alors logique de n’arriver que vers 10h00 le lendemain matin.
Une maman d’un jeune enfant ayant besoin de sa présence le soir ne fera pas long feu au bureau. Elle aura pour objectif de quitter les lieux le plus tôt possible pour aller rejoindre son enfant qui ne veillera pas plus tard que 20h00. Voulant profiter de lui, elle finira sa journée de travail en quittant son bureau vers 18h00. Mais à l’inverse des plus jeunes, elle sera présente bien plus tôt le matin dans les locaux car elle aura certainement la contrainte d’horaires imposés par le rythme scolaire.
Un salarié de 50 ans aura là encore un autre rythme qui lui conviendra et qui sera différent de celui des deux profils analysés précédemment. Sans grandes contraintes ni le matin ni le soir, il sera peut-être plus agile dans son rythme de travail. Pour certain, ce sera l’inverse. Ayant travaillé depuis 30 ans en commençant à 9h00 et finançant à 18h00, ses habitudes liées aux horaires ne bougeront pas.
Quoi qu’il en soit, même si nous avons choisi de présenter 3 profils différents, il existe des centaines de profils qui n’ont pas le même besoin d’horaires lié à leur travail.
Accepter une souplesse qui reste juste pour tous
Accepter que certains arrivent à 10h00 le matin lorsque d’autres sont présents depuis 8h00 reste une flexibilité qu’il faut faire adopter par tous. Le plus dur est de rendre cette souplesse juste et justifiable pour l’ensemble des salariés. Travailler ensemble c’est participer à un projet et un engagement commun. Si cet engagement n’est pas perçu comme étant égalitaire pour tous, le sentiment d’appartenir à une même famille ne se fera pas ressentir.
Lorsque l’on établit des règles, elles doivent être égales pour tous. Si un chef d’entreprise expose le fait qu’une tolérance d’arrivée le matin se fait entre 9h00 et 10h00, il doit faire passer le message suivant : « Vous arrivez à 10h00 tous les matins. Il n’y a pas de problème. En revanche, ne revendiquez pas le fait de devoir partir à 17h30 le soir sauf exception ». Même dans le cadre d’une équipe où la majorité voire totalité de l’équipe a un statut de cadre autonome, en France, nous restons tout de même ancrer sur les horaires. Chacun se regarde en vérifiant qu’on ne fait plus d’horaires que le voisin. Les réflexions désobligeantes du type « Merci d’être passé », « Tu as pris ton après midi » alors que vous quittez les lieux à 17h45 ne devraient pas avoir leur place dans les entreprises d’aujourd’hui. La qualité de vie au travail c’est être flexible pour tous certes. Mais c’est aussi faire en sorte de ne pas installer un sentiment d’injustice entre les salariés ; au risque de créer des tensions.
La qualité de vie au travail requiert un savoir-faire en termes de justice et d’égalité qu’il ne faut pas négliger. L’adage « on ne peut pas faire plaisir à tout le monde », n’est pas toujours applicable en entreprise. Bien au contraire. L’art du bien-être en entreprise c’est l’art de savoir mettre en œuvre des initiatives adaptables. La flexibilité est la clé du bonheur pour tous au travail. Ce qui sera arrangeant pour l’un ne le sera peut-être pas pour un autre. A contrario, il faudra trouver ce qui est arrangeant pour cet autre mais pas forcément pour le premier. Une démarche de QVT ne doit pas figer des règles sans discussion. La meilleure manière de faire accepter une flexibilité dans les horaires c’est d’en parler avec l’ensemble des collaborateurs. Ces derniers seront alors à même d’exposer leurs besoins, leurs points de vue ou encore de proposer des solutions ou des règles acceptables pour tout le monde. Il serait dommage qu’un acte de bienveillance se transforme en source d’animosité entre les salariés.